Les Komis ont connu beaucoup
De jours sans joie, d’âges funestes.
En un temps lointain, il leur vint
Dans la taïga un grand malheur.
Il y marchait, tel l’ours velu,
Un dragon d’homme au cuir laineux,
Venu, sans doute, des ondins,
Ami, sans doute, des sylvains.
Il avait un buste fort long —
Comme un pin dépourvu de branches.
En guise d’habits, il portait
Trois peaux d’élans cousues ensemble.
En pleine nuit, il voyait tout,
De ses horribles yeux rougeâtres.
Dans un coin du bois triste et sombre
Il avait son habitation.
De temps à autre, d’une
main
Il élançait un tronc massif.
Tel était le nommé Iag Mort,
Dragon des bois ou bête fauve.
Les gens le craignaient follement,
Nuit et jour ils faisaient le guet :
Et si par là, d’entre les arbres,
Son bras hirsute apparaissait ?
À
un grand nombre de chasseurs
Il prit la vie en plein travail.
Telle infortune attendait donc
Ceux qui ne craignaient ce dragon.
Sur l’Iźva, au hameau Joyeux,
Là habitait un vieux grand-père,
Qui mangeait bien, qui buvait bien,
Qui n’était ni riche ni pauvre.
Il
avait une fille unique,
Sage et jolie, nommée Raïda.
Le chagrin ne l’accablait pas :
Tous les jours elle chantonnait.
De l’aube jusqu’au crépuscule,
Elle n’était jamais assise,
Mais sautillait comme un oiseau
Et ne sortait point sans chanter.
« Pourquoi s’affliger ? disait-elle.
Iag Mort n’est pas encor venu !
Un jour je vieillirai, c’est sûr,
Et mon pied sera moins agile. »
La
fille égayait sa maman,
Son vieux père en faisait l’éloge :
« Voici, disait-il, ma
chérie
Qui chante comme un rossignol ! »
Les
jeunes gens avaient le cœur
Toujours malade pour Raïda :
« Combien de temps
attendra-t-elle
Pour choisir en moi son mari ? »
Raïda
répondait en riant :
« Je n’ai nul besoin d’un mari.
Je puis encor, sans en avoir,
Mener une agréable vie ! »
Ce
propos de la fille unique,
En vérité, ne dura guère.
Bientôt avec un grand gaillard
Vint le moment de ses fiançailles.
Le
garçon s’appelait Tugan.
Il capturait de nombreux ours.
Lorsqu'il chassait, il se montrait
Le plus hardi, le plus rapide.
Raïda,
quand vint le jour des noces,
Partit cueillir de douces fraises.
Elle emporta un récipient,
Un petit seau pour la cueillette.
Le
soleil brille dans le ciel,
Et du midi souffle un vent chaud.
Dans l’herbe moelleuse, les fleurs
Poussent irrésistiblement.
Raïda
marche,
amasse des fraises,
Remue le bras avec vigueur.
Et de chanter : « J’aime
un garçon
Que demain je vais épouser ! »
Quel
est, dans les pins de la rive,
Ce bruit d’oiseaux qui retentit ?
Pourquoi le renne s’enfuit-il,
Le museau dégouttant d’écume ?
La
fille eut peur de tout son cœur :
« N’est-ce pas Iag Mort qui
vient là ? »
Elle entend le fracas tout proche
D’un pied pesant sur le sol ferme.
Un
pin fit du tohu-bohu,
Sa cime cassa et tomba,
Dans les airs s’éleva un cèdre…
La pauvre fille était pantoise.
De
la forêt fit irruption,
En rafale, un homme velu,
Laid comme un ours : sans aucun doute,
Un ami des démons des bois.
Avec
deux sagènes de lame,
Sa hache était loin d’être courte.
Cheveux et barbe étaient battus,
Fagot de paille, par le vent.
Un habit couvrait ses
épaules :
Trois peaux d’élans cousues ensemble.
Et il tenait dans sa main droite
Un large pin cassé en deux.
Là où Raïda
cueillait les fraises
Était une vaste clairière.
La cueilleuse y fut aperçue
Par l’œil clair du velu bonhomme.
Ce dragon rugit comme un ours.
Raïda tomba inanimée,
Ainsi que tombe sous la hache
Le saule grêle aux tendres feuilles.
Iag Mort trancha un arbre à
terre,
Mais ne tua pas la pauvrette.
Puis il prit la fille inconsciente
Dans sa main dure comme fer.
Emportant sa jolie trouvaille,
Il partit avant son réveil.
Sa trace fut cachée, fermée
Par le bois sombre aux feuilles denses…
Raïda disparut du village.
Le chagrin accabla son père.
La mère verse un flot de larmes.
Où est passé leur rossignol ?
Triste comme le ciel d’automne
Était Tugan, le grand gaillard,
Qui ne se plaignait à personne,
Tant vif et fort
que d’ordinaire.
« Je
sais, je sais,
affirma-il,
Qui a causé pareil chagrin.
Iag Mort a pris ma bien-aimée.
La retrouver : voilà mon but ! »
Il réunit sans plus
attendre
Les jeunes gens du voisinage :
« Venez ici, mes chers amis,
Venez, vous dont le sang bouillonne !
Écoutez,
les gars, en Komi,
Vivre est devenu trop néfaste.
Tous les jours vient à nos oreilles
Un cri plaintif : hélas ! hélas !
Ce soir
Raïda a disparu,
Demain, ce sera quelqu’un d’autre.
Iag Mort a pris la pauvre fille.
Qui donc ici ne le devine ?
Partons
sans peur, mes chers amis,
Rechercher son habitation !
Tels des faucons, volons ensemble,
Nous dont le cœur n’est pas de glace.
Dans
quelque forêt inconnue,
Sa cabane est aménagée.
Si là-bas nous le rejoignons,
Pour sûr, nous en viendrons à bout.
Pour sûr, nous y verrons Raïda,
Si Iag Mort ne l’a dévorée.
Pour sûr, près de chez le dragon
Ne gît pas encor son cadavre. »
Les jeunes gens de s’enflammer.
Et tous levèrent la main droite :
« Nous partons avec toi, Tugan,
Sur les pas de l’affreux dragon !
Longtemps
nous vécûmes en lièvres,
Longtemps notre cœur fut clément.
À présent nous avons compris :
C’est un mauvais comportement.
À
ton encontre, mon cher frère,
Personne n’a rien à redire.
Là où tu crois l’homme velu,
Emmène-nous sans plus attendre ! »
Tugan revit, finie sa peine,
Dans sa joie il n’en revient pas.
En partant, il compta ses hommes :
Ils étaient trente-six en tout.
Vite les garçons
empoignèrent
Chez eux leurs armes pour la chasse :
Haches et lances, arc et flèches ;
Quelqu’un prit même un pieu pointu.
La troupe quitta le village,
Tugan en tête des garçons.
Où Iag Mort peut-il bien rôder ?
Où sont les traces de ses pas ?
D’un pas résolu ils
marchèrent
De longs jours d’été dans les bois.
Tugan ne se reposait point,
Il n’oubliait pas sa Raïda.
« Je
m’assiérai, répétait-il,
Lorsque j’aurai tué ce chien ! »
Un jour, dans la
taïga, ils tombent
Sur un profond torrent de boue.
À côté, tel un
grand fossé,
La piste foulée par Iag Mort.
Il ne s’est point mouillé les pieds,
N’est pas passé par l’eau boueuse.
« Vous
voyez, frères, dit Tugan,
Qui a posé son pied ici.
Le pourchasser et le tuer,
C’est maintenant notre seul but.
Amis,
ne craignez point la mort,
On ne peut trépasser deux fois.
Là, cachons-nous dans ce fourré,
Où le dragon n’est pas venu. »
Les gars à terre
s’étendirent.
Autour, pas un son, pas un souffle.
Leur cœur se durcit comme pierre,
Nul d’entre eux n’était apeuré.
La forêt doucement bruissa,
Comme une vague sur la mer.
Après un temps on entendit
Le son d’un pas lourd approchant.
Un vol de corbeaux s’éleva,
Geignant très fort : croa ! croa !
Perdrix, faisan de s’alarmer,
Tristes qu’ils étaient dans leur pré.
Parmi les gars couchés fila
Un renne blanc fou de frayeur.
Dans le torrent, des ours plongèrent,
Avant d’en ressortir d’un bond.
L’affreux dragon surgit du bois,
Revêtu de trois peaux d’élans.
Il allait son propre chemin,
Et dans sa main ne portait rien.
Les arcs bandés des jeunes
gens
Sont avancés, prêts à tirer :
« Dussions-nous tous tomber
ici,
Nous ne reculerons jamais ! »
« Visez
la tête et la poitrine ! »,
Leur ordonna
l’ami Tugan.
Il se leva, l’homme velu,
Et les lorgna de ses yeux rouges.
Qu’est donc ceci qui vole et
bruit,
Et fredonne tout doucement ?
Voici que sur Iag Mort se plantent,
En son flanc, trente et quelques flèches.
Sans doute pensa-t-il ceci :
« Le gros moustique que
voilà ! »
Et sous la surprise, il resta
La bouche ouverte, comme un loup.
Alors il finit par comprendre
D’où tombait cette pluie de guêpes,
Et quelles gens hardies les bois
Cachaient au sein de leurs feuillages.
L’affreux dragon tapa du
pied :
Un grand fossé se fit en terre.
Il déracina et saisit
Dans sa main tout un pin branchu.
Sur les gars komis dans les bois
Il se rua de but en blanc,
Faisant du pin des moulinets,
Si bien qu’on n’entend que : flap ! flap !
La forêt tombe aux pieds du
monstre,
Un fin sapin se lève et choit,
Un pin plus gros s’abat par terre,
Comme s’ils fussent balayés.
Derrière des arbres
massifs,
Bien vite tous se dissimulent.
Par où aller, et comment faire :
Tugan toujours le leur indique.
Le dragon les poursuit sans
trêve,
Mais il est trop fort pour passer.
La forêt se fait plus épaisse,
Devant Iag Mort ne s’abat plus.
Parmi les arbres si serrés
Il ne peut manœuvrer sa hache.
Alors les garçons l’encerclèrent.
Et un grand combat éclata.
Il crie et hurle, l’affreux
monstre,
Il frappe et il cogne : pif ! paf !
Il veut tuer, il veut ôter
La vie au peuple de Komi.
À sa rencontre, tel du
crin,
Saillent des lances en grand nombre,
Piquant par devant, par derrière,
Blessant le poilu jusqu’à l’os.
Tugan par trois fois
réussit
À tailler sa jambe à la hache :
« Voici quel présent je
te fais,
Ô frère des démons cornus ! »
Les gars esquivent prestement
Le tronc branchu de l’homme hirsute,
Protégés par l’exiguïté,
Protégés par la forêt dense.
Jusques au soir ils se battirent.
Puis vint le coucher du soleil.
Iag Mort reçut en son œil droit
Un pieu pointu fait de bouleau.
De sa tête à ses
pieds coula
Du sang tout du long de son corps.
Le dragon ne pouvait lutter
Encor longtemps face aux Komis.
Piquaient, taillaient lances et
haches :
Ce n’était ni bon ni plaisant.
Toute puissance lui faillit,
Sa tête se mit à tourner.
À bout de souffle, à
bout de force,
Son pied refusant d’avancer,
Il s’écroula dans les feuillages,
Pareil à un pin de haut fût.
Le dragon gît devant les
gars,
Ne soufflant plus, ne bougeant plus.
Et ils lui tranchèrent la tête,
Pour qu’il ne se relève plus.
Ils enterrèrent le cadavre,
Et le couvrirent d’une pierre.
Le tertre et sa pierre
là-bas
Du poilu firent un gros tas.
« Nous
t’avons déniché, dragon !
Dit Tugan d’une voix sévère.
À présent nous devons savoir
Où est Raïda la disparue. »
Les gars allèrent de
l’avant,
Chacun vif, chacun astucieux.
Par les forêts ils n’eurent pas
À marcher et chercher longtemps.
Sur Raïda la belle ils
tombèrent.
Iag Mort ne l’avait pas mangée.
Elle avait, dans une caverne,
Passé sept nuits et sept journées.
Tugan, voyant la disparue,
Fut pris d’une grande allégresse.
Il courut avec sa fiancée
Vers la maison, et en vitesse.
Ils eurent de joyeuses noces.
Après quoi tout fut pour le mieux.
Le grand gaillard eut pour épouse
La plus jolie femme komie.
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Уна тöдлiс коми войтыр
Шудтöм лун да гажтöм кад.
Коркö важöн сылы волi
Парма пытшкын веськыд мат.
Ветлiс сэнi, пашкыр ош моз,
Гундыр сяма гöна морт,
Гашкö, вакуль пöвстысь петысь,
Гашкö, вöрсаяслöн ёрт.
Туша сылöн вöлi ыджыд —
Быттьö увтöм пожöм пу.
Паськöм пыдди сiйö новлiс
Куим вуртöм йöра ку.
Войшöр-войын быдтор аддзис
Сылöн мисьтöм гöрдов син.
Кöнкö шуштöм пемыд вöрын
Вöлi сылöн оланiн.
Мукöддырйи öти киöн
Сiйö шыбитлiс кыз кер.
Татшöм вöлi Яг Морт нима
Вöрса гундыр нисьö зверь.
Йöзыс садьтöг сыысь полiс,
Дзоргис гöгöр лун и вой:
Оз-ö кыськö пуяс костысь
Мыччысь сылöн гöна сой?
Уна вöралысьлысь сiйö
Кыйсянiнас босьтiс лов.
Шоч нин вöлi сэтшöм мортыс,
Кодi гундырысь эз пов.
Изьва дорын, Кыпыд сиктын,
Олiс сэки пöрысь
пöль.
Бура сёйис, бура юис,
Эз вöв озыр, эз вöв гöль.
Сылöн вöлi шань да мича
Райда нима öтка ныв.
Öтка нылöс шог эз босьтлы —
Быд лун сьылiс сьыланкыв.
Асывводзсянь рöмыд рытöдз
Сiйö пуксьылöм эз тöд,
Лэбач моз пыр чеччалiс да
Сьывтöг ывлаö эз пет.
«Мый пö жугыльтчöмöн овны.
Яг Морт татчö эз на лок!
Коркö пöрысьма да сэки,
Гашкö, надзмас менам кок».
Мамыс нимкодясис нывнас,
Ошкис сiйöс пöрысь ай:
«Со пö миян донаторйыд
Сьылö, быттьö колипкай!»
Томджык войтыръяслöн сьöлöм
Висис Райда вöсна пыр:
«Мый пö верöсöс оз бöрйы
Сiйö миян костысь дыр?»
Райда шмонитöмöн шулiс:
«Оз ков верöсъясыд мем.
Натöг лöсьыда на позьö
Меным колльöдлыны нэм!»
Татшöм сёрни öтка нывлöн
Водзö, тöдöмысь, эз мун.
Регыд сылы удал зонкöд
Воис чунькытшасян лун.
Зонлöн нимыс вöлi Туган.
Кыйлiс сiйö уна ош.
Вöралiгöн сiйö вöлi
Медся повтöм, медся чож.
Свадьба лунлы паныд Райда
Мунiс вотны чöскыд оз.
Сьöрас босьтiс вугъя чуман —
Вотанторлы ичöт доз.
Енэж вылын шондi ворсö,
Пöльтö лунвыв шоныд тöв.
Небыд турун пöвстын дзоридз
Быдмö уна-уна зэв.
Ветлö Райда, озсö öктö,
Зiля вöрö сылöн ки.
Ачыс сьылö: «Муса зонкöд
Аски öтлаасям ми!»
Мый нö тайö вадор ягас
Лыбис пöткаяслöн зык?
Мыйла кöрыс сэтчö лэбзьö,
Вомсьыс лэччö весиг быг?
Повзис сьöлöм öтка нывлöн:
«Оз-ö Яг Морт татчö лок?»
Кылö: зымöдö нин матын
Чорыд муöд сьöкыд кок.
Руч-рачмунi öти пожöм,
Чегис-усис сылöн йыв,
Вывлань качис шöркодь сус пу...
Весьöпöри коньöр ныв.
Вöрсьыс петiс ыджыд шыöн,
Быттьö тöвныр, гöна морт.
Ош кодь мисьтöм... гашкö, збыльысь
Вöрса мутияслöн ёрт.
Сылöн тушаыс кык сывйысь,
Дерт жö, ляпкыдджык эз вöв.
Сылысь юрсисö да тошсö,
Идзас нöб моз, летiс тöв.
Пельпом вылас вöлi паськöм —
Куим вуртöм йöра ку.
Веськыд киас сiйö кутiс
Шöри чегöм пожöм пу.
Кöнi Райда озсö вотiс
Вöлi паськыд вöртöмин.
Вотчысь нылöс ылысь аддзис
Гöна мортлöн югыд син.
Ош моз равöстiс лёк гундыр.
Уси Райда сынисадь,
Кыдзи кералiгöн усьö
Небыд коръя вöсни бадь.
Яг Морт пусö муö сутшкис,
Шудтöм вотчысьöс эз ви.
Сэсся садьтöм нылöс босьтiс
Сылöн кöрт кодь чорыд ки.
Мича сюрöмторнас сiйö
Мунiс чеччалiгтыр бöр.
Дзебис, тупкис сылысь туйсö
Тшöкыд корнас пемыд вöр...
Воши Райда Кыпыд сиктысь.
Висьмис шогла сылöн ай.
Мамлöн шор моз синва киссьö.
Кöнi налöн колипкай?
Арся кымöръяс кодь жугыль
Лои Туган, удал зон,
Сöмын некодлы эз норась,
Важмоз вöлi збой да ён.
«Тöда, тöда,— сiйö шуис:—
Кодi вöчис татшöм шог.
Муса нылöс Яг Морт нуис.
Сiйöс корсьны — менам мог!»
Матiгöгöрса том йöзöс
Сiйö чукöртiс дзик пыр:
«Локтöй татчö, дона ёртъяс,
Локтöй, кодлöн пуö вир!
Кывзöй, зонъяс, коми муын
Олöм вывтi лои лёк.
Быд лун пельным миян кылö
Нора горзöм: ок да ок!
Тöрыт воши миян Райда,
Аски вошас кодкö мöд.
Коньöр нылöс Яг Морт нуис.
Код нö та йылысь оз тöд.
Петам повтöг, дона ёртъяс,
Корсьны сылысь оланiн!
Лэбзям варышъяс моз ставöн,
Кодлöн сьöлöм абу кын!
Кöнкö ылын, тöдтöм ягын
Сылöн лöсьöдöма чом.
Сэтчö суöдам кö сiйöс,
Гашкö, вöчам сылы пом.
Гашкö, Райдаöс ми аддзам,
Сiйöс Яг Морт эз кö сёй.
Гашкö, оз на сылöн туплясь
Гундыр керка дорын шой».
Би моз ыпнитiс том войтыр.
Быдöн лэптiс веськыд ки:
«Дасьöсь мунны тэкöд, Туган,
Мисьтöм гундыр вылö ми!
Дыр нин кöчъяс моз ми олiм,
Дыр нин сьöлöм вöлi рам.
Öнi бура гöгöрвоим:
Вывтi омöль татшöм сям.
Муса вокöй, тэныд паныд
Некод кыв ни джын оз шу.
Кытысь гöна морттö чайтан,
Сэтчö миянöс и ну!»
Ловзис Туган, эз ло жугыль,
Асьсö радысла оз чайт.
Мунысь войтыръяссö лыддис:
Буретш лои комын квайт.
Öдйö босьталiсны зонъяс
Гортсьыс зверöс виантор:
Черъяс, шыяс, ньöввуж кöлуй;
Вöлi весиг ёсьтöм зор.
Петiс сиктысь том зон котыр:
Туган юралысьöн сэн.
Кöн нин бара Яг Морт шöйтö?
Сылöн кок туйясыс кöн?
Зiля кытшлалiсны найö
Вöрас уна гожся лун.
Туган шойччыны эз пуксьыв,
Сылöн Райдаыс эз вун.
«Шойчча сэки, — сiйö шулiс, —
Тайö понсö виа кор!»
Öтчыд налы парма пытшкын
Сюри джуджыд гудыр шор.
Шоркöд орччöн, паськыд вор моз,
Яг Морт талялöма туй.
Эз тай, майбыр, коксö кöтöд,
Гудыр ва питi эз уй.
«Аддзад, вокъяс, — Туган шуис:
Кодлöн ветлiс татi кок.
Сiйöс кыйöдны да вины —
Öнi öти миян мог!
Смертьысь, ёртъяс, энö полой,
Кыкысь кулöмыд оз ло.
Вайö тшöкыдiнас дзебсям,
Кытчöдз гундыр эз на во».
Муö водалiсны зонъяс.
Гöгöр лои шынитöв.
Из моз чорзис налöн сьöлöм,
Полöм некодлöн эз вöв.
Вöрыс надзöникöн шувгис,
Быттьö небыд саридз гы.
Недыр мысти кыськö кывсис
Сьöкыд коклöн локтан шы.
Вылö качис рака чукöр,
Нора равзö: крав да крав!
Шызис-гызис тар да сьöла,
Гажтöм лои налы дав.
Водöм зонъяс пöвстöд тöвзис
Садьтöг повзьöм еджыд кöр.
Ошъяс бызгысисны шорас,
Сэсся уськöдчисны бöр.
Вöрсьыс мыччысис лёк гундыр.
Вылас куим йöра ку.
Аслас туйöд сiйö мунiс,
Киас нинöмтор эз ну.
Зэлыд ньöввужъяс том йöзлöн
Водзö чургöдöма дась:
«Кöть пö ставным татчö усям,
Огö бöрыньтчöй ми тась!»
«Лыйлöй морöсас да юрас!» —
Тшöктiс налы Туган ёрт.
Сувтiс, бугжылясьны кутiс
Гöрдов синнас гöна морт.
Мый нö тайö лэбзьö-тиньгö,
Сьылö вöсньыдика зэв?
Öтпыр сатшкысис Яг Мортлы
Бокас комын кымын ньöв.
Сылы юрас, гашкö, воис:
«Со пö кутшöм гырысь ном!»
Весиг шензьöмысла воссис
Сылöн кöинлöн кодь вом.
Сэсся гöгöрвоис сiйö,
Кытысь киссьö чушкан зэр,
Кутшöм повтöм йöзöс дзебö
Аслас коръяс улын вöр.
Кокнас зымнитiс лёк гундыр:
Муас лои джуджыд гу.
Вужнас нетшыштiс да босьтiс
Киас увъя конда пу.
Коми зонъяс вылö вöрас
Сiйö уськöдчис дзик пыр.
Увъя пунас гöгöр öвтö,
Сöмын кылö: жбыр да жбыр!
Водö гундыр водзын понöль,
Чеччö, усьö вöсни коз,
Пöрö муас шöркодь пожöм,
Быттьö чышкö найöс рос.
Кызджык пуяс сайö ставныс
Öдйö саймовтчисны сэк.
Кытчö вешйыны, мый керны —
Туган индö налы век.
Вöтчö найö боръя гундыр,
Куас лекысла оз тöр.
Вöрыс кызмö, вöрыс сукмö,
Оз нин Яг Морт водзын пöр.
Тшöкыд пуяс костын сылы
Кернас öвтчыны оз позь.
Сiйöс гöгöртiсны зонъяс.
Пансис, лыбис ыджыд кось.
Равзö, эргö мисьтöм гундыр,
Кучкö, вачкö: кув да ков!
Кöсйö вины, кöсйö босьтны
Коми войтыръяслысь лов.
Сылы воча, чорыд щöть моз,
Уна чургöдчöма шы,
Бöрсянь, водзсянь сiйöс
сутшкö, —
Доймö гöна мортлöн лы.
Туган куимысь нин слöймис
Черöн сöтны сылысь кок:
«Со пö тэныд месянь козин,
Сюра мутияслöн вок!»
Тэрыб зонъяслы оз инмы
Гöна мортлöн увъя кер.
Видзö найöс дзескыдiныс,
Видзö найöс тшöкыд вöр.
Рытöдз косясисны найö.
Воис шондi лэччандор.
Веськыд бугыляс Яг Мортлы
Пырис ёсьтöм кыдз пу зор.
Юрсянь кокöдз сылöн киссис
Туша кузялаыс вир.
Эз нин вермась сэсся гундыр
Коми войтыръяскöд дыр.
Шыöн сутшкöм, черöн сöтöм
Эз вöв чöскыд, эз вöв бур.
Петi сы пытшкысь став выныс,
Кутiс бергöдчыны юр.
Эбöс быри, эбöс абу.
Кокыс водзö эз нин ну.
Коръяс костö сiйö усис,
Быттьö ыджыд пожöм пу.
Куйлö зонъяс водзын гундыр,
Дугдiс лолавны, оз вöр.
Юрсö керыштiсны сылысь,
Мед оз чеччы сэтысь бöр.
Шойсö гуалiсны муö,
Вылас пукталiсны из.
Мукöд изйыс сэнi вöлi
Гöна мортсьыс гашкö кыз.
«Тэкöд лыддьысим ми, гундыр! —
Шуис Туган чорыд кыв. —
Öнi тöдны меным колö,
Кöнi Райда, вошöм ныв?»
Водзö мöдöдчисны зонъяс.
Быдöн тэрыд, быдöн сюсь.
Вöрöд-ягöд ветлöм-корсьöм
Эз ло войтыръяслöн кузь.
Сюри налы мича Райда.
Яг Морт сiйöс эз на сёй.
Вевта гуын сiйö олiс
Сизим лун да сизим вой.
Аддзис Туган вошöмторсö.
Воссис сылы долыдлун.
Лэбзис невестанас гортö,
Эз нин надзöникöн мун.
Гажа свадьба сылöн пансис.
Ставыс лои сэсся шань.
Удал зонлöн гöтыр лои
Медся мича коми ань.
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